La Passa, un tiers-lieu associatif et culturel pour maintenir une vie à l’année en Vallouise

La Fabrique à Liens d’Artemisia est une association récente, puisqu’elle a été créée en 2020. Elle œuvre dans la vallée de la Vallouise, une des portes du parc national des Écrins située dans les Hautes-Alpes, à une bonne vingtaine de kilomètres de Briançon.

Cette vallée à l’origine très agricole a misé sur le tout-tourisme lié au ski principalement. Aujourd’hui, ses villages affichent entre 50% et 90% de résidences secondaires, l’agriculture y a reculé, et ils vivent “au ralenti” en dehors des saisons touristiques : de nombreux commerces sont fermés, l’offre socio-culturelle destinée aux habitants est très limitée. Elle est en passe de devenir invivable en raison de la rareté et du prix du foncier et de l’habitat (la population est vieillissante et les jeunes ne peuvent plus se loger), de la sur-fréquentation touristique en été et de l’augmentation des risques naturels et des coûts affiliés¹. Plusieurs jeunes y ont lancé des projets pour inventer des modes de vie plus durables, mais de façon isolée.

C’est face à ce constat que l’association a ouvert le café associatif et culturel La Passa. Son ambition ? Un projet collectif pour participer à la vie tout au long de l’année, autour d’un lieu d’échange « agréable, qui fait du bien », dans une perspective de transition écologique : valoriser les productions locales et autres modes de consommation, recréer du lien social et notamment intergénérationnel, et favoriser l’animation sociale, culturelle et économique du territoire. Dans ce café, l’association proposait un dépôt-vente de produits alimentaires et artisanaux locaux, ainsi que des activités socio-culturelles (café des langues, concerts, ateliers de réparation ou artistiques, renforcement musculaire, conférence-débats sur la biodiversité ou le futur du territoire etc.).

Cette première expérience de 3 ans est jugée réussie par l’association en termes de fréquentation et de réponse aux besoins de la population - plus de liens sociaux, de nouvelles activités dans la vallée, des produits vendus en circuit-court - et des visiteurs, certains venant même de Briançon ou de Gap.

En revanche, le modèle économique n’était pas viable : les revenus issus du café associatif, des animations socio-culturelles et du dépôt-vente d’aliments et d’artisanat, ne permettaient pas de couvrir les charges que sont le salaire d’une employée, le loyer, les interventions artistiques ou scientifiques et les autres charges de fonctionnement. Et La Passa n’a actuellement plus de local depuis près d’un an, le propriétaire ayant voulu le récupérer.

Mais comme beaucoup d’autres initiatives citoyennes elle a rebondi et réalise ses activités « hors les murs » depuis le début de l’année 2025, chez l’habitant.e, dans les salles communales, à la maison du Parc national des Ecrins ou dans le centre social intercommunal.
De plus, elle a engagé une démarche de repositionnement, La Passa A-Venir, qui lui permettrait de disposer d’un lieu qui pourrait accueillir des activités générant des revenus plus réguliers : le café et sa programmation socio-culturelle toujours, mais aussi une épicerie (avec un focus sur des produits bios et locaux accessibles), la location d’ateliers et bureaux pour artisans, artistes, indépendants ou télétravailleurs, d’un espace de restauration et d’une cuisine, et des logements permanents.
Pour nourrir et déployer prochainement son plan d’action, La Passa est allée chercher des retours d’expériences d’autres tiers lieux comme La Jolie Colo à Autrans ou Le Beaumonde à La Mure, ainsi que plusieurs dispositifs d’accompagnement professionnels (développement local, immobilier, économie sociale et solidaire etc.).

Comme Mountain Wilderness, le projet La Passa A-Venir s’attache à faire cohabiter montagne sauvage et montagne à vivre, au-delà du tout-tourisme. Le conseil d’administration, composé de 12 membres de 28 à 80 ans et en majorité des femmes - aux compétences multiples (architecture, bâtiment, gestion de projet, animation, communication, relations partenariales/locales etc.). La coordinatrice salariée et les bénévoles, fort du soutien des adhérents (jusqu’à 900 par an) et sympathisants, y travaillent d’arrache-pied.

Ils souhaitent continuer à véhiculer les imaginaires d’une montagne fragile, d’une montagne à vivre à l’année, du prendre soin de soi, des autres et de tous les vivants ; mais aussi de coopération, de solidarité interprofessionnelle et intergénérationnelle, et de la gestion d’un bien commun par les habitants acteurs de leur avenir.

Pour l’aider à financer ce lieu de vie et d’activités, La Passa A-Venir lance une levée de fonds citoyenne, via des dons défiscalisés.