En territoire de montagne, 80% des déplacements se font en voiture, faute d’alternatives (contre 66% à l’échelle nationale). Plus qu’ailleurs, en montagne, le financement du train est délaissé, et particulièrement pour les petites lignes : cela entraîne des trains annulés, retardés et un service plus ou moins dégradé selon les territoires. La fréquence et la fiabilité sont trop faibles pour gagner la confiance des citoyens qui n'ont d'autres recours que de se reporter vers la voiture. Autre exemple, sur la ligne de nuit Paris-Briançon, plus d’un train sur deux était retardé ou annulé en 2024, alors même qu’elle constitue une solution plébiscitée par les citoyens habitant sur le territoire ou venant le visiter.1
Le train joue un rôle central dans l’économie, l’attractivité touristique et l’identité des régions montagneuses. D’un point de vue touristique (pensons à l’emblématique train jaune dans les Pyrénées-Orientales), ainsi que pour les mobilités du quotidien, le train est crucial pour la transition écologique du tourisme, la décarbonation des mobilités2 ainsi que le maintien de bassins de vie qualitatifs en montagne.
Plusieurs petites lignes de train de montagne, utilisées au quotidien, sont menacées de disparition. Nous avons assisté à un abandon progressif et organisé des petites lignes qui coûtent cher à entretenir : depuis 1930, le réseau ferroviaire français est passé de 60 000kms à 28 000kms.3 Aujourd’hui, dans le Jura, pour la ligne TER des Hirondelles, 100 millions d’€ sont nécessaires pour rénover 73 km de la ligne, mais la Région Bourgogne n’a toujours pas annoncé d’investissement, ce qui préfigure son abandon… D’un autre côté, on peut quand même se réjouir de certaines améliorations telles que la réouverture de la voie Epinal - St-Dié-des-Vosges en 2021 qui a provoqué un choc d’offre et une hausse de la fréquentation.
Les petites lignes de chemin de fer, dites également Lignes de Dessertes Fines du Territoire (LDFT) portent donc un enjeu d’équité entre les territoires : les fermetures de gare, subies par la population locale, sont souvent vécues comme un signe de déclassement et symboles de l’abandon des services publics. Cela est particulièrement vrai dans les régions montagneuses sans péages, où le train devient trop cher par rapport à la voiture, pour ceux qui n'ont pas d'abonnement ou de tarif réduit.. A cet égard, Pascal Coste, président du conseil départemental de Corrèze, dans le massif Central, déclare : “Les lignes de tout le centre de la France ont été complètement délaissées et depuis c’est le grand déclassement, la diagonale du vide. Nous sommes vus comme des bouseux. Les gens sentent l’abandon le plus total. Ça suffit!”.5