Monsieur le Président,
Dans Le Monde du 28 octobre 1988, on peut lire : « Réunis le 22 octobre à Evian, les membres de la toute jeune section française de Mountain Wilderness, que préside M. Haroun Tazieff, ont [...] exigé un "déséquipement" de la montagne pour permettre la création dans le massif du Mont-Blanc d’un parc international d’environ 90 000 hectares situé sur les territoires français, suisse et italien ; ce site exceptionnel qui, selon les alpinistes membres de Mountain Wilderness, fait partie du patrimoine mondial pourrait être placé sous la responsabilité de l’UNESCO. »
En octobre de cette même année, s’appuyant sur ces propositions, les ministres de l’environnement des trois pays apportent leur soutien à l’idée d’un "Parc international du Mont-Blanc" en signant la Déclaration de Locarno. Cette manifestation de bonne volonté sera suivie en juin 1989 par la mise en place versant français d’un comité de pilotage chargé d’étudier la faisabilité d’un Parc national du Mont-Blanc, parc "à vocation internationale".
Les débats engagés à cette époque ont conduit à l’abandon de ce projet de parc, à la création de l’"Espace Mont-Blanc" et de la Conférence transfrontalière Mont-Blanc (CTMB), son organe politique de pilotage, présidé formellement par le ministre français en charge de l’environnement ; les associations qui militent pour la protection du massif en France, Suisse et Italie, se fédèrent dans le même temps en un collectif, qui prendra le nom de proMONT-BLANC.
On le voit, la question de la protection et de la gestion du massif du Mont-Blanc, ne sont pas des sujets nouveaux. Les récents débordements dénoncés par M. Peillex dans la lettre ouverte qu’il vous a envoyée, entraînant votre visite aujourd’hui, ne sont que les derniers avatars d’une série d’atteintes au massif, qui vont des survols continus d’avions et d’hélicoptères jusqu’au cœur du massif, aux myriades de camions qui polluent ses vallées, en passant par une sur-urbanisation, depuis le fond des vallées jusqu’aux plus hautes altitudes. Rappelons que pas moins de trois refuges campent sur l’Aiguille du Goûter, alors que l’arrêté UTN de création du plus récent d’entre eux imposait le démontage des anciens bâtiments ! C’est une bien belle manière de respecter un site classé ! Rappelons également que ce territoire dont l’exceptionnalité justifie votre venue aujourd’hui, n’est pas couvert par un SCoT. Un schéma de cohérence dont tous les territoires de France ont dû se doter mais dans la construction duquel les élus du massif répugnent à se lancer.
Le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales indique pourtant que le « SCoT doit respecter les principes du développement durable. [...] Il permet d’établir un projet de territoire qui anticipe les conséquences du dérèglement climatique, et les transitions écologiques, énergétiques, démographiques, numériques... »
N’est-ce pas là l’enjeu principal du massif ?
En août 1998, dans le cadre de la campagne « Mont Blanc 2000 » organisée par nos associations, des parlementaires français, suisses et italiens que nous avions emmenés au sommet du mont Blanc s’engagent à leur descente, lors d’une conférence à l’ENSA, à porter devant leurs assemblées respectives la nécessité de protéger le massif du Mont-Blanc et de le faire inscrire comme bien à l’UNESCO.