Cette question me taraude. Comment mettre les mots sur ce besoin physique, mais aussi émotionnel, psychique et psychologique de montagne ? Sur cette relation intime et intense que nous entretenons avec ces écosystèmes d'altitude ?
Cet été, dans les vallées du glacier blanc et noir, la réponse qui me venait en tête était celle d'ancrage. Un ancrage profond sur Terre. Un enracinement vécu à 3700 m d'altitude, dans cet univers de roche, de glace et de neige, où les repères humains sont bouleversés. Où le centre de gravité est ailleurs.
Avant ces quelques jours d'immersion complète, les tempêtes sociétales me secouaient, me fragilisaient. L'enlisement dans une situation politique critique, les revendications identitaires assumées, la force de l'inaction climatique, la brutalisation des postures et des discours... Telle une branche de peuplier affaiblie, le fracas du monde me faisait vaciller. Comme beaucoup d'autres français·es.
Les montagnes ne résolvent pas ces problèmes sociétaux, nos "problèmes d'humains". Elles ne nous aident pas non plus à les oublier. Elles invitent à les regarder d'une autre manière. Nous aide à prendre de la hauteur. À les observer sous un autre angle, sous d'autres lumières.
En cela, gravir les sommets n'est en rien un échappatoire, une pause, un isolement.
Les montagnes ne nous offrent pas un espace-temps de "déconnexion" mais au contraire de pleine reconnexion. A soi, aux autres, humains, non-humains, aux éléments naturels. À cet incroyable cosmos dans lequel nous gravitons, toujours en quête de sens.