Retour sur la très intéressante conférence de Xavier Brisbois, Docteur en psychologie sociale et Anaïs Rocci, Sociologue. Les interventions de ces deux chercheurs ont permis d’éclairer davantage les comportements modaux. Xavier Brisbois met en avant un sentiment d’impuissance pour les professionnels de la mobilité douce. En effet, le changement de mobilité demande des efforts individuels, alors que les enjeux sont collectifs, faisant apparaître plusieurs freins au changement de comportement.
Le choix de mobilité n’est généralement pas rationnel, ce sont essentiellement les habitudes qui les façonnent. Cette habitude est liée à différents mécanismes tels que notre attention, la génération d’automatismes et donc la perte de conscience de faire des choix. Anaïs Rocci ajoute que le statut social peut également jouer un rôle sur le choix de mobilité, mais aussi l’effet de cycle de vie qui correspond à l’évolution du choix de transport selon les âges.
Des représentations à connotation négatives associées aux transports en commun peuvent également freiner l’individu vers un changement, alors qu’à l’inverse la voiture sera pour beaucoup synonyme de liberté et de flexibilité. Ainsi Anais Rocci, souligne le fait que bien qu’il y ait une sensibilité accrue ces dernières années aux questions environnementales1, cela ne se traduit pas forcément dans la pratique par des changements de comportements2.
Néanmoins, Xavier Brisbois, en s’appuyant sur la théorie du changement de comportement, souligne qu’il est possible d’agir en se mettant à la place de l’individu. On va alors chercher à comprendre son fonctionnement et à connaître ses raisons afin d’inhiber, voire de rompre ses habitudes d’utilisation de la voiture individuelle pour progressivement induire une nouvelle habitude. Ainsi, si l’individu essaie ne serait-ce qu’une seule fois un autre type de transport, ses habitudes seront déjà moins ancrées et il sera davantage enclin au changement de comportement.
Une condition essentielle à cette inclination est de laisser le libre-choix à l’individu pour qu’il puisse adopter un comportement de mobilité douce de manière durable. L’obligation à emprunter ces transports semble à l’inverse contre productif. Une solution complémentaire avancée est d’augmenter l’attention puisque plus elle est élevée par rapport à un problème, plus il y aura une ouverture à son changement de comportement. On pourrait par exemple augmenter l’attention de l’individu sur l’existence de moyens de transports alternatifs. Présenter des informations cohérentes et montrer que les autres ont réussi, peut aussi persuader l’autre à changer de comportement. Il faut finalement pour faire changer les comportements pouvoir se projeter vers un but, une identité, quelque chose qui fasse sens pour l’individu.