© Monika Glet

Vers un avenir sans carbone en Isère et dans le Vercors pour une mobilité plus durable

Pour réduire les émissions de carbone et les impacts sanitaires, le projet Interreg Espace Alpin SaMBA vise à encourager des modes de transport plus durables. Pendant trois ans, des territoires alpins, dont l’Isère et le Parc naturel régional du Vercors, participent à cette initiative européenne. Engagée en faveur de la mobilité douce avec sa campagne Changer d’Approche, Mountain Wilderness a contribué aux échanges lors d’un séminaire organisé les 11 et 12 mars derniers.

5 min de lecture
Isère
Vercors
Mobilité douce

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 03 juin 2022

Une mobilité plus durable dans le Vercors et en Isère, un territoire hétérogène

Le département de l’Isère génère un important flux de transit automobile que ce soit pour des trajets quotidiens domicile-travail ou touristiques. Pour le Parc naturel régional du Vercors, l’objectif est de garantir une montagne préservée et vivante avec des initiatives solidaires de mobilités alternatives pour permettre aux habitants et visiteurs du territoire de se déplacer et découvrir le Vercors tout en créant du lien et une relation de partage. Dans ce même esprit, le Parc travaille en collaboration avec un réseau d’hôtes et de professionnels du tourisme et d’évènements culturels et sportifs afin d’inciter le grand public à se déplacer avec des solutions de mobilités alternatives (train, bus, covoiturage, stop).

L’objectif de ce workshop était donc de réunir les acteurs de la mobilité douce, les autorités organisatrices de mobilité, les territoires touristiques et les associations pour aborder des solutions de mobilité bas carbone dans le cadre d’une écologie incitative et non punitive pour garantir des changements de comportement pérennes. Le changement des comportements individuels où l’usage de la voiture individuelle est exclusif, apparaît plus que jamais nécessaire.

Parmi les nombreux points abordés, le renforcement de la ligne ferroviaire Lyon-Grenoble, la gratuité des transports scolaires, la réalisation d’un pôle d’échanges multimodaux pour proposer plusieurs solutions de transports alternatifs, l’expansion de Rezo Pouce ou de voitures Citiz (avec son opération « Ma chère auto » qui propose de mettre sa propre voiture en autopartage), la démocratisation du télétravail etc. Ces solutions doivent répondre à l’attente des individus et s’inscrire dans un contexte local pour être durables et efficaces. D’autres actions ont été présentées lors du séminaire, comme l’opération « Je plaque ma caisse » qui propose un accompagnement personnalisé pour fournir un itinéraire en mobilité douce gratuitement pendant un mois et la campagne Changer d’approche de Mountain Wilderness qui a attiré l’attention des participants.

Zoom sur la conférence "Changer les comportements de mobilité"

Retour sur la très intéressante conférence de Xavier Brisbois, Docteur en psychologie sociale et Anaïs Rocci, Sociologue. Les interventions de ces deux chercheurs ont permis d’éclairer davantage les comportements modaux. Xavier Brisbois met en avant un sentiment d’impuissance pour les professionnels de la mobilité douce. En effet, le changement de mobilité demande des efforts individuels, alors que les enjeux sont collectifs, faisant apparaître plusieurs freins au changement de comportement.

Le choix de mobilité n’est généralement pas rationnel, ce sont essentiellement les habitudes qui les façonnent. Cette habitude est liée à différents mécanismes tels que notre attention, la génération d’automatismes et donc la perte de conscience de faire des choix. Anaïs Rocci ajoute que le statut social peut également jouer un rôle sur le choix de mobilité, mais aussi l’effet de cycle de vie qui correspond à l’évolution du choix de transport selon les âges.

Des représentations à connotation négatives associées aux transports en commun peuvent également freiner l’individu vers un changement, alors qu’à l’inverse la voiture sera pour beaucoup synonyme de liberté et de flexibilité. Ainsi Anais Rocci, souligne le fait que bien qu’il y ait une sensibilité accrue ces dernières années aux questions environnementales1, cela ne se traduit pas forcément dans la pratique par des changements de comportements2.

Néanmoins, Xavier Brisbois, en s’appuyant sur la théorie du changement de comportement, souligne qu’il est possible d’agir en se mettant à la place de l’individu. On va alors chercher à comprendre son fonctionnement et à connaître ses raisons afin d’inhiber, voire de rompre ses habitudes d’utilisation de la voiture individuelle pour progressivement induire une nouvelle habitude. Ainsi, si l’individu essaie ne serait-ce qu’une seule fois un autre type de transport, ses habitudes seront déjà moins ancrées et il sera davantage enclin au changement de comportement.

Une condition essentielle à cette inclination est de laisser le libre-choix à l’individu pour qu’il puisse adopter un comportement de mobilité douce de manière durable. L’obligation à emprunter ces transports semble à l’inverse contre productif. Une solution complémentaire avancée est d’augmenter l’attention puisque plus elle est élevée par rapport à un problème, plus il y aura une ouverture à son changement de comportement. On pourrait par exemple augmenter l’attention de l’individu sur l’existence de moyens de transports alternatifs. Présenter des informations cohérentes et montrer que les autres ont réussi, peut aussi persuader l’autre à changer de comportement. Il faut finalement pour faire changer les comportements pouvoir se projeter vers un but, une identité, quelque chose qui fasse sens pour l’individu.

1 En 2015, 3/4 des Français-es interrogé-es se déclaraient intéressé-es aux problématiques liées à l’environnement d’après une étude d’Ethicity et de l’Ademe

2 Environ 47 % des ménages français possédaient en 2015 une voiture selon une enquête de l’INSEE

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