En quête de silence

Au sein de la cordée plusieurs d’entre vous ont un talent particulier pour faire découvrir ces univers sous-estimés : Vincent Munier nous apprend la discrétion absolue de l’affut ; Marion Poitevin emmène ses clients à la rencontre du silence d’altitude ; Heidi Sevestre nous fait écouter le craquement - la plainte - des glaciers ; Clara Arnaud nous immerge dans les échos pyrénéens ; enfin, à l’heure où le bruit est aussi le symptôme de l’accélérationnisme ambiant, la grimpeuse et auteure Stéphanie Bodet partage une véritable philosophie de l’apaisement dans son récent livre « À l’écoute du silence ».

PRÉSERVER LE SILENCE EN MONTAGNE

Mountain Wilderness est particulièrement attaché à la protection de ce silence aux mille nuances. Il traduit l’expression même du vivant, des espaces sauvages et permet une reconnexion tissée dans la trame de nos instincts profonds enfin réveillés par le simple fait de s’arrêter, se taire et tendre l’oreille comme le ferait n’importe quel animal. Malheureusement celles et ceux qui partent en quête de calme sauvage et pensent le trouver en montagne se heurtent à une large palette de bruits. Des hauts cols routiers s’élève le vrombissement puissant des moteurs des motos ; celui des avions de tourisme et des hélicoptères descend du ciel ; des norias de motoneiges sillonnent les espaces les plus reculés ; les événements festifs type festival de musique électronique et les DJ sur les terrasses des restaurants d’altitudes se multiplient.

UN ENGAGEMENT HISTORIQUE CONTRE LES LOISIRS MOTORISÉS

Face à cela, le passé et le présent de notre association racontent une longue histoire de luttes et de victoires contre ces nuisances sonores. Nous nous battons notamment ardemment contre l’héliski, couronné de victoires, nous avons fait cesser la Croisière blanche, une course de 400 engins (4X4, quads, trials) au beau milieu de Zones naturelles d’intérêt écologique, en bordure du Parc national des Écrins et avons apporté une contribution décisive pour faire appliquer la loi relative à la pratique de randonnées en motoneige.
En effet, une plainte récente de Mountain Wilderness contre une entreprise qui - comme beaucoup d’autres - ne respectait pas l’interdiction des randonnées en motoneige dans les espaces naturels a conduit à la confiscation de dix engins par la justice cet hiver après une condamnation de leur propriétaire pour usage illégal. Cette affaire est allée jusqu’en cassation, établissant une jurisprudence qui aura un retentissement sur bien d’autres situations similaires qui menacent des espaces fragiles.

MESURER L’IMPACT DE LA POLLUTION SONORE

Depuis 2022 notre campagne Silence se concentre sur le projet « WilderPass ». Actuellement il s’agit de quantifier et caractériser la pollution sonore liée au trafic routier aux abords de certaines routes de montagne emblématiques (Col de l’Izoard, col du Glandon etc.). Nous réalisons également des inventaires naturalistes grâce à la biophonie afin de lister les espèces potentiellement impactées par la pollution sonore. À travers ce projet - qui se poursuit sur d’autres sites en 2025 - nous sensibilisons le public à la dégradation de l’environnement que représente le vacarme du trafic routier. Nous souhaitons que cela aboutisse à la mise en œuvre d’actions concrètes telles que le contrôle effectif du volume sonore, la limitation de la vitesse, des fermetures temporaires de routes et la mise en avant d’alternatives en mobilité douce (en lien avec notre campagne « Changer d’approche »).

Au-delà de ces mobilisations salutaires, cultivons et transmettons ce simple émerveillement qui consiste à écouter et profiter de la montagne telle qu’elle est, sans motos ni sonos. C’est ce que nous avons de plus précieux.