© Mathis Dumas

Silence ! Question-réponse sur la préservation du Mont-Blanc face aux survols touristiques

Le dimanche 19 octobre 2014, une manifestation symbolique s’est tenue en plein cœur du massif Mont-Blanc, sur le glacier du col du Géant : des jeunes alpinistes, des guides, des adhérents, ont tracé avec de très grandes lettres éphémères une exigence largement partagée : « SILENCE ! ». Cette action a été partagée par une vidéo vue des dizaines de milliers de fois, montrant le large soutien du public à cet objectif. Face aux interpellations du public, Mountain Wilderness revient aujourd’hui sur son positionnement face à cette problématique du survol de loisir dans le massif du Mont-Blanc.

7 min de lecture
Mont-Blanc
Espaces protégés
Loisirs motorisés

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 15 sept. 2020

De quel trafic aérien parle-t-on ?

Des vols de loisirs commerciaux et privés, avions de tourisme et hélicoptères, qui enchaînent rotations et vols panoramiques pour maintenir des prix attractifs. Cela ne concerne ni les vols de ligne réguliers dont les couloirs aériens se situent à plus haute altitude et n’engendrent pas de nuisances sonores, ni les secours en montagne ou autre service public.

Pourquoi défendre le silence au Mont-Blanc ?

Parce-que Mountain Wilderness défend une expérience de la montagne où l’être humain peut éprouver en toute liberté : l’espace, les éléments, les rythmes, les lois naturelles, la solitude et le silence. Des dimensions qui font de ce vécu une ressource essentielle pour l’être humain.
A ce titre, le massif du Mont-Blanc est un haut lieu emblématique. Toit de l’Europe, cœur des Alpes, c’est un environnement exceptionnel et symbolique qui attire l’attention du monde entier. Pourtant le massif du Mont-Blanc est le seul des points culminants des 5 continents à ne pas bénéficier de protection et de gestion.

Pourquoi maintenant ?

Au moment où « l’Espace Mont-Blanc », l’institution en charge de la protection et du développement durable du massif, lance une « Stratégie d’avenir transfrontalière » comportant un volet « espace aérien », il est temps de mettre en œuvre, sur l’ensemble du massif, une réglementation harmonisée et rigoureuse pour les survols motorisés, a minima de même niveau que celle des réserves naturelles et parcs nationaux français.
Le survol motorisé à moins de 1000m du sol doit être limité aux seules missions de service public.

Un désir égoïste d’alpinistes pour des alpinistes ?

Le vacarme des moteurs devient lancinant dans ce royaume de beauté et de silence pas seulement pour les alpinistes. Beaucoup de visiteurs et habitants des montagnes (y compris certains des pilotes des vols commerciaux concernés) sont d’accord pour dire que le Mont-Blanc mérite mieux.
Les alpinistes sont de fait aux premières loges pour constater les outrages fait à ce royaume de beauté qu’est le Mont-Blanc et ce dernier est un observatoire d’avant-garde des impacts des changements climatiques. A la veille de la 21e Conférence Internationale sur le Climat, les alpinistes sont en devoir d’alerter le reste de la société. Car les ressources de la montagne concerne tous les êtres humains alpinistes ou pas, montagnards ou pas. Les valeurs, les beautés de la montagne sont le bien commun de l’humanité et en particulier des générations futures.

Faut-il mettre le Mont-Blanc sous cloche pour le protéger ?

Tout le monde veut s’approprier le Mont-Blanc (sportifs, acteurs du tourisme, habitants, sociétés de transports, industriels...) mais tous oublient que c’est justement parce que c’est un territoire sauvage qui n’appartient à personne qu’il faut le préserver. Ce qui ne veut pas dire mettre sous cloche, ne plus mettre un pied au Mont-Blanc mais trouver un juste équilibre pour préserver ces ressources essentielles d’eau, d’air, de liberté, de beauté, de biodiversité et de silence qui font le Mont-Blanc cet espace d’exception.

Si on est pas alpiniste, si on est porteur d’un handicap, si on a pas les moyens physiques de monter admirer le cœur du massif du Mont-Blanc à pied, on prend l’avion non ?

Tout le monde doit-il aller partout ? Le massif du Mont-Blanc est l’un des massif dont l’accès par des moyens mécanisés est le plus facile au monde. Téléphériques et trains à crémaillère vous amènent jusque sur la glace au Montenvers, à presque 4000 m d’altitude à l’Aiguille du Midi et à la pointe Helbronner. La télécabine de la vallée Blanche va même encore plus loin et traverse la totalité du massif. Vous pouvez aussi admirer la montagne depuis ses balcons, avec les télécabines du Brévent, ou de la Flégère par exemple pour ce qui est du versant français. A l’aiguille du Midi, un nouvel aménagement permet de « marcher dans le vide », suspendu en plein ciel dans une cabine de verre, au dessus du vide, vous volez... Pas besoin d’ajouter à cela le bruit et la pollution atmosphérique des avions et hélicoptères qui assurent les vols panoramiques !

Le problème du bruit au Mont-Blanc n’est-il pas anecdotique par rapport aux enjeux de pollution du trafic international routier ?

Une constante lorsque l’on s’occupe d’un problème environnementale : il y a toujours pire ! Alors Oui ! nous affirmons que dans un massif aussi emblématique que celui du Mont-Blanc, la question des nuisances des loisirs aériens motorisés est un vrai sujet. Ce n’est pas pour rien que l’Espace Mont-Blanc en a fait l’une des thématiques qui méritait la création d’un groupe de travail parmi les 6 identifiés pour gérer le massif.

Une nouvelle approche plus durable pour le Mont-Blanc

Une autre approche du Mont-Blanc est possible !
Une approche douce de la montagne procure plus de bénéfices à l’individu.
En 2011, Mountain Wilderness lançait l’Appel pour nos montagnes pour imaginer, inventer collectivement des solutions de développement autres.
Mountain Wilderness appelle au dialogue et à la concertation pour aboutir à ces solutions. C’est pourquoi, avec ProMONT-BLANC, nous nous sommes largement investit dans la réflexion visant à doter le massif d’un plan de gestion, dans des domaines aussi variés que la fréquentation, les prospectives sociaux-économiques, la stratégie foncière et l’efficacité énergétique, les milieux naturels, le réchauffement climatique, mais aussi la gestion de l’espace aérien.

EN SAVOIR PLUS

Courrier adressé à Madame Ségolène Royal, Ministre de l’Écologie, Présidente de la Conférence Transfrontalière Mont-Blanc (CTMB) et Messieurs Luca Bianchi, Eric Bianco et Eric Fournier, Vice-présidents de la CTMB.

Lire le courrier

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