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Changements climatiques : quelle adaptation pour nos territoires de montagne ?

Parce que l’heure n’est plus aux demi-mesures, les acteurs de la montagne ne peuvent plus faire l’économie d’un vrai débat sur les controverses qui agitent leur communauté. Deux documents majeurs concernant la montagne sont parus ces derniers jours, à savoir, le deuxième volet du sixième rapport du GIEC et rapport d’information déposé par la Commission des Affaires Économiques de l’Assemblée Nationale. Il nous a paru utile de mettre en correspondance les principaux enseignements de ces deux textes et leurs visions des enjeux d’adaptation pour nos territoires de montagne.

5 min de lecture
Tourisme
Mobilité douce
Montagne à vivre
Transition

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 07 mars 2022

Le GIEC et l'Assemblée Nationale : adaptation urgente des montagnes

La conclusion du rapport du GIEC indique que « les voies et les transitions de système qui renforcent le développement durable des montagnes résilientes au climat commencent à recevoir de l’attention, mais les niveaux actuels de ressources sont largement insuffisants pour soutenir une action opportune ». Les auteurs ajoutent : « le rythme, la profondeur et la portée actuels de l’adaptation sont insuffisants pour faire face aux risques futurs dans les régions montagneuses ».
De son côté, Madame Battistel (co-rapporteure du rapport de l’Assemblée Nationale avec Mme Laurence Gayte), estime que l’« on va vers le bon chemin pour adapter nos aménagements de montagne ».
Il ressort de la lecture détaillée des deux rapports que cette différence d’appréciation ne traduit pas des visions “optimistes” ou “pessimistes” de notre avenir, mais plutôt l’absence d’un constat partagé de la nécessité de transformer radicalement nos manières de vivre en montagne.

Le GIEC alerte sur la vulnérabilité des territoires de montagne et sur l’urgence de s’adapter

Le rapport du GIEC dresse un constat sans appel : compte-tenu de l’accélération du changement climatique observé en montagne ces dernières années (bouleversement du cycle de l’eau, modifications de l’écoulement des rivières, crues soudaines et glissements de terrain…), le besoin d’adaptation pour faire face aux principaux risques devient de plus en plus urgent.
Les territoires de montagne doivent très vite s’adapter à la démultiplication et l’intensification des phénomènes naturels, qui entraînent des risques graves pour les personnes, les infrastructures et l’économie. Ils doivent aussi faire face au risque croissant d’extinction d’espèces animales et végétales, et d’apparition d’espèces envahissantes qui à terme impacteront l’ensemble des activités humaines (énergie, tourisme, agriculture, mobilité….) et provoqueront un déséquilibre irréversible pour les écosystèmes de montagne, avec de graves conséquences sur la santé et la sécurité des populations de montagne.

Un constat partagé par la mission d’information de l’assemblée nationale mais des mesures en demi-teinte

De son côté, le rapport de la mission d’information de l’Assemblée Nationale identifie et mentionne la plupart de ces risques et formalise clairement la nécessité de modifier en profondeur le rôle et la place du tourisme en montagne. Malheureusement, aucune des 23 propositions listées n’abordent ces questions. Le livrable est davantage orienté vers l’objectif de maintenir autant que possible le modèle actuel reposant sur le ski et de développer le tourisme en montagne. « (…) Il y a encore de l’avenir dans le ski. », affirme Mme Battistel
Néanmoins, il apparaît plusieurs propositions intéressantes dans ce rapport, qui sont de nature à dessiner un avenir plus en phase avec les constats que tout le monde dit vouloir partager. On relève notamment des sujets autour de la ressource en eau en montagne, de la mobilité avec les trains de nuit, de la gestion intégrée des flux, des dispositifs d’éducation et d’accueil des jeunes en montagne, de la question de l’emploi et de la formation, enfin, bien entendu, la gouvernance des territoires au travers l’amélioration du dialogue entre les différents acteurs de la montagne.

Vers une montagne a vivre respectueuse des limites et équilibres planétaires

Dans ce contexte, Mountain Wilderness entend réaffirmer son attachement à une montagne à vivre. C’est-à-dire une montagne où tous les vivants peuvent cohabiter de façon harmonieuse. Or, les modèles économiques et politiques actuellement en vigueur sont non seulement inefficaces pour y parvenir, mais tendent à rendre le milieu montagnard de plus en plus vulnérable et, in fine, inhabitable. Il est donc indispensable de se confronter sans détour aux controverses qui concernent la montagne depuis de nombreuses années et d’adresser collectivement des questions essentielles associées aux limites planétaires, au rééquilibrage de l’économie de montagne, au rôle des espaces de montagne de manière systémique, à la nécessaire vision du local au global, à l’enjeu d’un moratoire sur les nouveaux aménagements, à la réduction des risques ou encore à notre rapport au vivant.

Organisés à l’automne dernier par Mountain Wilderness et 2TM, l’Association des Transitions des Territoires de Montagne, en collaboration avec de nombreux acteurs de la montagne, les États Généraux de la Transition du Tourisme en montagne ont prouvé, par leur esprit et leur impact, qu’une prise de conscience collective était en train de s’opérer. En cela, nous partageons l’optimisme de Mme Battistel. Mais cette réussite, dans le contexte crucial que nous connaissons, nous oblige à redoubler d’efforts pour agir résolument, ensemble, sans tarder.

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