Plan Avenir Montagnes : une véritable vision de la montagne en transition reste à construire

Le plan Avenir Montagnes dévoilé par le premier ministre le 27 mai dernier était très attendu par les professionnels de la montagne suite à la crise sanitaire. Cela faisait des décennies qu’il n’y avait pas eu de plan pour la montagne. Les acteurs en prennent acte, ils ont été entendus. Mountain Wilderness salue le discours de transition et de diversification du modèle touristique en montagne mais constate que ce plan Avenir Montagnes manque d’ambition, de vision et d’innovation pour accompagner une transformation vers une montagne à vivre dans toutes ses dimensions.

3 min de lecture
Transition
Tourisme

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 03 juin 2021

Un plan lacunaire aux enveloppes budgétaires discutables

Le modèle du tout-ski n’est pas soutenable écologiquement et économiquement et un nouveau développement s’impose. Or sur ce point le plan Avenir Montagnes comporte de sérieuses lacunes : l’investissement dans l’humain et la formation vers les métiers de demain, pourtant indispensables, ont été oubliés ; de plus, seuls 38 millions d’euros de crédit public sur un total de 643 sont consacrés à la transition écologique des activités touristiques. Dans le même temps, 400 millions d’euros sont inscrits pour « de l’investissement » : un grand flou existe sur cette principale composante du plan.

Comment vont-ils être utilisés ? Par qui et à quelles fins ?

La crainte est forte qu’ils soient affectés en priorité à des aménagements lourds. Les projets de ce type en stations (nouvelles remontées, liaisons entre stations, multiplication des canons à neige et des retenues d’eau collinaires, nouveaux ensembles immobiliers) se comptent actuellement par dizaines. Pour la plupart, ils ne tiennent absolument pas compte des impacts sur la biodiversité, accentuent la pression déjà forte sur la ressource en eau, consomment encore plus de foncier et créent encore plus de lits froids.

Un plan pour transformer les territoires de montagne

Nous voulons néanmoins retenir que ce plan constitue une porte ouverte et une opportunité pour que les territoires de montagne prennent enfin en main leur transformation. Une nouvelle dynamique est indispensable pour faire face aux défis majeurs que nous connaissons.

Nous soulignons la volonté de ce dispositif de s’attaquer à la question des lits froids (dispositif dont la faisabilité juridique est néanmoins loin d’être acquise), de promouvoir les ascenseurs valléens (même si la multiplication de tels outils n’est pas une fin en soi et que chacun devra être parfaitement adapté aux besoins et à la configuration du territoire), de restaurer les sentiers, de sensibiliser les jeunes à la montagne.

Nous saluons également le volet « ingénierie » du plan car nous avons la conviction qu’il convient de penser nos territoires de montagne comme des espaces à vivre. Pour cela, une véritable ingénierie publique doit être mise à disposition des territoires faiblement dotés, dans une logique d’égalité et de développement soutenable.

Articulation du plan Avenir Montagnes et des États Généraux en région alpine

M. Joël Giraud a rappelé combien il était essentiel que les territoires soient associés étroitement aux orientations qui les concernent. C’est totalement en convergence avec les États Généraux de la Transition du Tourisme en Montagne, qui ont précisément pour objectif de permettre à l’ensemble des acteurs de s’exprimer sur leur vision de l’avenir.

Il conviendra donc de veiller à leur bonne articulation avec le plan Avenir Montagnes afin que les initiatives qui sortiront des États Généraux puissent bénéficier des fonds annoncés.

L’État devra faire preuve de vigilance dans la durée pour s’assurer de l’émergence d’un modèle réellement équilibré. Mountain Wilderness suivra attentivement les investissements résultant de ce plan en veillant à ce qu’ils répondent aux enjeux de transformation et permettent un développement économique bénéfique aux acteurs locaux et à la préservation des équilibres naturels.

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