© Breffni Bolze

Un cinquième chantier au Mont-Cenis : les barbelés s’empilent !

Cette année à nouveau, du 5 au 8 septembre, s’est tenu un chantier de démantèlement d’Installations Obsolètes au Mont-Cenis en Haute Maurienne. Ce chantier s’inscrit dans la continuation des précédents : évacuer les barbelés et cornières des lignes de défense françaises et italiennes (seconde guerre mondiale) sur la crête entre le fort de Pattacreuse et celui de Malamot, ainsi que le secteur du Larro et d’une nouvelle zone autour du Lac Blanc. Au total, 55 bénévoles ont participé à cette opération sous une météo clémente dans la joie et la sueur !

5 min de lecture
Maurienne
Savoie
Cerces
Installations Obsolètes

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 30 sept. 2025

La montagne délivrée de son passé

À la frontière entre la France et l’Italie, le col du Mont-Cenis est bien plus qu’un simple passage alpin. Situé au cœur de la Haute Maurienne Vanoise, il est depuis toujours un lieu de circulation et un axe stratégique entre les deux pays. Cette position en altitude et son histoire militaire ont laissé un héritage moins glorieux : des kilomètres de barbelés, de ferrailles et de vestiges métalliques qui jalonnent encore les alpages et les crêtes.

Depuis plusieurs années, ces déchets constituent une pollution et un danger pour la faune, les troupeaux et les randonneurs. 

Pour redonner à ces paysages leur beauté originelle et sécuriser l’espace pastoral, des opérations de nettoyage sont organisées par des collectifs de bénévoles.

Une organisation au point !

Un chantier c’est tout d’abord une équipe réduite de bénévoles qui travaille plusieurs mois en amont de celui-ci, par exemple pour obtenir les autorisations des parties prenantes (commune, parc national de la Vanoise, service du patrimoine...) nécessaires pour intervenir. 

Cette équipe a également effectué des missions de repérage, constituer les dossiers, définir le mode opératoire et préparer le matériel (barre à mine, coupe-boulons, pioche, piolet…). Petite nouveauté cette année, la création de fiches pour les chefs d’équipes avec photos, localisations des objets à démonter et matériel nécessaire ; très pratique ! 

Enfin il faut trouver un lieu d’hébergement proche du chantier pouvant accueillir le groupe et mettre en relation les participants pour le covoiturage, gérer les pique-niques etc…

Une première petite équipe de bénévoles sur place dès le jeudi soir, effectue un ultime repérage le vendredi pour déposer des outils…
Au passage, 500 kg de matériaux sont déjà descendus ce jour. Cette équipe est rejointe par la majorité des participants le vendredi soir à Lanslebourg. Le covoiturage et le dîner sont déjà l’occasion d’échanger sur les expériences respectives, une petite vingtaine participe à leur premier chantier, d’autres en sont à plus d’une dizaine ! Beaucoup sont de Savoie et de Haute Maurienne, mais certaines de plus loin : Grenoble, Lyon, la Bourgogne, jusqu’au Sud de la France.
Certains sont venus entre amis, en couple, en famille… le plus jeune participant a 12 ans ! Tous ont essayé d’appliquer au maximum la philosophie « changer d’approche » en favorisant les mobilités douces et le covoiturage.

© Thomas Lanier | Dauphine Libere
© Laro
© Benjamin Barrière

Un chantier collectif au cœur de la montagne

Trois grands groupes sont constitués le samedi à 8h lors du briefing près du lac, où les consignes de sécurité et le déroulement de la journée sont expliqués. La journée débute par une bonne mise en jambe, une belle randonnée de 700 à 800m de dénivelé selon les secteurs – à pied ou en VTT ! Cela permet d’arriver bien échauffé pour la suite des opérations qui consiste à couper – découper - recouper, soulever, porter et tasser des tas de barbelés !

Une fois arrivés au point de rassemblement, de plus petites équipes se forment, chacune chapeautée par deux personnes plus expérimentées qui mènent et conseillent le groupe sur les diverses techniques d’enlèvement des barbelés. Les chefs d’équipe doivent veiller à la sécurité des participants lors des manipulations et de la bonne confection du « cocon », c’est à dire la charge qui sera ensuite héliportée, elle doit être bien centrée et régulière afin d’éviter des incidents en vol.

Les sous-équipes de chaque zone se retrouvent vers 13h pour un bon pique-nique, fourni par Satoriz et un moment de convivialité. Le travail continu jusqu’à 16h ; nous sommes une vraie petite fourmilière, tout le monde s’affère et les cocons se remplissent à vue d’œil ! Cette année une des complexités est le déplacement d’anciens tas de barbelés enchevêtrés entre eux. Ces tas ont certainement été réalisés par des bergers pour éviter les blessures aux pattes des moutons qui restent encore très fréquentes. Ces amoncellements sont beaucoup trop lourds pour être soulevés seul et il faut se servir des barres à mines et piolets pour les dégager à 4 ou 6 personnes ! De plus, bien rouillés et friables, ils laissent derrière eux des petits tourillons métalliques pouvant blesser les animaux. Nous les ramassons patiemment pour rendre un terrain sans danger pour la faune sauvage et domestique.

De nouvelles cibles de nettoyage identifiées

Lors de la redescente, des participants repèrent un ancien pluviomètre effondré. Ce fera une cible de plus à démonter le lendemain, tout comme le nettoyage des abords d’un ancien bunker, qui a servi d’abri de fortune et de poubelle. Les équipes du Larro et de la crête Malamot ont réussi à terminer leur zone et nous nous retrouvons tous, dimanche, au secteur du Lac Blanc. La fourmilière s’active, la journée passe à toute vitesse… C’est dur de s’arrêter quand arrive l’heure de la redescente : ne peut-on pas ramasser ces ultimes barbelés ? Redescendre encore ce tas de cornières ? Et profiter un peu plus du soleil dans ce paysage magnifique ?

Un bilan impressionnant : plus de 11 tonnes évacuées

Au final, le dimanche en fin d’après-midi, plus de 11 tonnes de métal sont bien empaquetées dans leur cocon et prêtes à être redescendues en vallée pour être recyclées.

Une partie des participants reste sur place lundi pour s’occuper de l'héliportage très matinal. C’est donc 17 cocons qui ont pu être descendues. Il reste encore des matériaux à traiter du côté du lac Blanc et un prochain chantier n’est pas à exclure !

Merci à tous les participants, aux partenaires et à l’année prochaine !

C’est un de nos amis qui nous a parlé de ces chantiers à mon compagnon et à moi. C’est un peu loin pour nous, nous habitons vers Cannes. Mais là, nous combinons le chantier avec des vacances dans la région, comme nous sommes à la retraite, nous avons le temps. C’est bien parce que chacun peut avoir un rôle dans le chantier, selon sa force, son pied plus ou moins montagnard….Et nous sommes montés jusqu’au lac à vélo, je ne pensais pas en être capable.

Evelyne

Passionné de sport outdoor et passant la plupart de mon temps libre en montagne, j’ai eu envie d’aller plus loin en donnant de mon temps à une asso dont la mission a beaucoup de sens pour moi. C’était mon premier chantier de démantèlement : une super expérience ! Organisation et ambiance au top, qui m’ont permis de passer un excellent week-end en montagne et de partager de très bons moments avec l’équipe et les bénévoles. Sans hésitation, je participerai avec plaisir à de prochains chantiers.

Alexandre

EN SAVOIR PLUS

Historique de notre action sur ce site

Le week-end du 24-25 août 2024 s’est tenu notre 4ème chantier de démantèlement d’Installations Obsolètes sur le Mont-Cenis, en Haute-Maurienne (Savoie)

Le Mont-Cenis libéré de 12 tonnes de barbelés : Un chantier jusqu’à 2900 m d’altitude !

Chantiers Installations Obsolètes 2025

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