Jeux Olympiques / JOP
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Mountain Wilderness alerte sur les effets désastreux des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises

À qui servent ces Jeux ? Aux grands élus ? Aux promoteurs immobiliers ? Aux sponsors et aux fédérations internationales soucieuses de conserver leur place dans l’agenda olympique ? Est-il pertinent de dépenser plus de 4 milliards d’euros pour satisfaire quelques intérêts particuliers ? Il est temps d’arrêter ce projet pour consacrer notre énergie aux transitions des territoires de montagne.

5 min de lecture
Aménagement
Transition

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 15 déc. 2025

Un projet incompatible avec la transition écologique

Mountain Wilderness considère que les JOP 2030 sont en contradiction avec les engagements climatiques de la France, la loi Climat et Résilience et l’objectif de Zéro Artificialisation Nette. 

Les organisateurs projettent d’adapter des infrastructures obsolètes, de construire de nouveaux équipements – à Nice ou dans le Briançonnais – et de recourir massivement à la neige artificielle alors que les températures négatives deviennent de plus en plus rares. Un tel projet accentuerait la dépendance des territoires alpins à un modèle touristique déjà fragilisé. La dispersion des sites de compétitions entraînera une logistique extrêmement coûteuse pour l’environnement. L'empreinte carbone colossale de ces quelques jours de spectacle illustre une vision dépassée d’un tourisme de masse, alors même que la Cour des comptes et la Haute Autorité environnementale appellent à une sobriété accrue. Sotchi 2014 et Pékin 2022 ont montré les dérives d’une organisation démesurée, allant jusqu’à recourir à 100 % à la neige artificielle. Les Jeux de 2030 s’inscrivent dans cette logique, sans apporter de réponses aux défis climatiques et sociaux des montagnes françaises.

Les Alpes n’ont pas besoin des Jeux pour être attractives

Les promoteurs affirment que les Jeux renforceraient l’attractivité de la région. Mais les Alpes françaises sont déjà l’une des destinations les plus fréquentées du monde, au point d’en subir les effets négatifs. L’emballement immobilier rend le logement inaccessible à de nombreux habitants, la fermeture des stations de basse et moyenne altitude témoigne de la fragilité du modèle, et les domaines encore en activité subissent une sur-fréquentation nuisible aux milieux naturels. 

Les Alpes n’ont pas besoin des Jeux pour séduire ; elles ont besoin d’investissements dans la transition et la résilience. L’histoire des Jeux d’hiver démontre que leur héritage est souvent synonyme de dettes, d’infrastructures obsolètes et de destructions écologiques.

Un processus précipité et opaque, non conforme aux obligations internationales

Mountain Wilderness dénonce un projet de loi bâclé, qui neutralise toute possibilité de débat démocratique. Aucun véritable débat public sur l’opportunité d’accueillir les Jeux et d’y consacrer plusieurs milliards d’euros n’a été engagé malgré des seuils financiers qui auraient dû entraîner la saisine obligatoire de la Commission nationale du débat public. Le contrat hôte a été signé sans transparence, les comités de massif et le Conseil national de la montagne ont été ignorés, et le projet de loi multiplie les dérogations au droit commun en matière d’urbanisme, d’environnement et de fiscalité. Déjà estimé à plus de quatre milliards d’euros, dont au moins 2,5 milliards d’argent public, le coût de l’événement pèsera lourdement sur les finances publiques, au bénéfice du CIO et de ses sponsors qui bénéficieront d’exonérations fiscales.

À l’heure où les faiblesses d’un dossier mal ficelé deviennent patentes — dérapage budgétaire et financement non bouclé, incertitudes juridiques liées à la légalité de la procédure et aux contrats déjà signés, acceptabilité sociétale qui s’effrite, incapacité à définir un véritable héritage, sans oublier l’approche des élections municipales susceptibles de remettre en cause le soutien de plusieurs collectivités — il devient plus qu’urgent de suspendre ce projet contesté et fragile.

Cette fragilité contraste avec une communication officielle qui relève davantage de la méthode Coué que d’un travail rigoureux, et avec la signature de chartes générales dépourvues de traductions concrètes. Le risque est désormais majeur : s’obstiner dans un projet dont les fondations techniques, financières, démocratiques et environnementales sont instables, au détriment des territoires alpins et des finances publiques.

Lettre ouverte à la ministre : une réponse nécessaire face à des déclarations discréditant la société civile

À la suite de récents propos de la ministre des Sports présentant les contestations comme un « malentendu », Mountain Wilderness et les associations requérantes ont publié une lettre ouverte rappelant les faits et dénonçant ces amalgames.

La société civile mobilisée est indépendante, pluraliste et engagée dans la défense de la montagne. Discréditer ces voix revient à affaiblir la démocratie environnementale.

Un plaidoyer constant et des recours juridiques engagés

Mountain Wilderness a été auditionnée au Sénat en mai et à l’Assemblée nationale en septembre afin de présenter sa vision de la loi JOP 2030. L’association a diffusé une note de position, accessible sur son site internet, et proposé plusieurs amendements aux parlementaires pour tenter d’améliorer le texte dont la discussion en séance est annoncée pour le 15 décembre à l’Assemblée nationale.

En parallèle de ce travail institutionnel, l’association s’est associée à plusieurs recours juridiques. En France, elle a saisi les juridictions administratives pour contester le caractère précipité et opaque de la procédure. Ces recours visent notamment l’absence de saisine de la Commission nationale du débat public (CNDP), alors même que les seuils financiers imposent légalement un débat public.

Au niveau international, Mountain Wilderness a saisi avec le Collectif citoyen JOP 2030, France Nature Environnement et la Ligue des Droits de l'Homme, le Comité de conformité de la Convention d’Aarhus. Cette convention, signée par la France, garantit l’accès du public à l’information environnementale, sa participation aux décisions ayant un impact environnemental et son droit à la justice. La procédure française viole clairement ces principes en privant citoyens et associations d’un débat transparent et contradictoire sur l’opportunité d’accueillir les Jeux. Ces démarches juridiques visent à rappeler que le respect de l’État de droit et des engagements internationaux de la France ne peut être suspendu au nom de l’urgence olympique.

Une tribune pour alerter l’opinion publique

Pour partager ses inquiétudes au-delà des instances politiques, Mountain Wilderness publie avec la société civile une tribune dans le journal Le Monde. Cosignée par des personnalités du monde associatif, scientifique, culturel et sportif, elle souligne les contradictions d’un projet olympique présenté comme exemplaire alors qu’il renforce un modèle dépassé et climatiquement intenable.

Les Jeux Olympiques d’hiver 2030 ne peuvent pas être le prétexte à un renforcement d’un modèle économique dépassé. Au contraire, ils doivent nous amener à ouvrir un débat collectif et démocratique sur l’avenir de la montagne.

Mountain Wilderness

Des alternatives crédibles

L’association refuse d’opposer sport et écologie. Elle plaide pour que les investissements publics servent la transition des stations, la diversification de l’économie montagnarde et la protection des écosystèmes. Des compétitions sportives sobres et inclusives peuvent être organisées sans infrastructures nouvelles. Plus largement, Mountain Wilderness appelle à un véritable débat public national sur l’avenir des montagnes à horizon 2030.

Nous sommes favorables au sport et à la fête. Mais nous refusons que, sous couvert d’olympisme, on impose aux montagnes un projet précipité, coûteux et climaticide. Les Jeux Olympiques ne peuvent être un alibi pour continuer comme avant. Nous demandons une vraie concertation, le respect du droit, et une réflexion collective sur l’avenir des territoires alpins.

Fiona Mille, présidente de Mountain Wilderness France

Mountain Wilderness réaffirme que la démocratie environnementale n’est pas une option. L’association appelle le gouvernement à suspendre le projet JOP 2030 tant qu’un débat public complet, transparent et conforme au droit n’aura pas eu lieu.

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