Au-delà de l’aménagement – regrettable – du site, c’est le message que véhicule cette compétition auprès des pratiquants qui pose problème : un message totalement contraire à celui de la loi Lalonde, qui dispose que « la circulation des véhicules à moteur est interdite en dehors des voies classées dans le domaine public routier de l’Etat, des départements, des communes, des chemins ruraux et des voies privées ouverts à la circulation publique des véhicules à moteur. » Même en escomptant que les organisateurs aient obtenu toutes les autorisations nécessaires, l’esprit de cette loi de 1991 est piétiné par un évènement se déroulant hors sentier et retransmis en direct.
Certes, le site en question n’est pas une zone vierge : une route mène à la chapelle sommitale, des pylônes électriques strient le ciel, et un terrain de motocross a été aménagé à proximité. Ce constat devrait-il nous pousser à être plus laxiste ? Non, il nous appelle justement à préserver les quelques zones qui peuvent encore l’être. Quel besoin y avait-il de dénaturer davantage ce site ? La qualité des paysages et de l’environnement contribue à la notoriété de la Corse. En y portant atteinte, l’organisation des championnats du monde de trial 2025 se fait au détriment de la protection de l’environnement (alors même que la Tortue d'Hermann est présente sur le site, aux côtés de nombreuses autres espèces), de la pratique de sports de pleine nature (randonnée non motorisée, escalade), et est donc incompatible avec l’existence et le développement d’un tourisme respectueux de l’environnement. Le Parc naturel régional de Corse voisin l’a d’ailleurs compris, en inscrivant parmi ses objectifs prioritaires la maîtrise des pratiques motorisées et la limitation de leur impact sur les paysages et les habitats.
Comble de l’ironie, même les organisateurs reconnaissent le caractère fragile et précieux de ce site en ordonnant aux visiteurs : « Respectez la nature. Triez et gardez vos déchets ». Les visiteurs peuvent être légitiment déboussolés face à cette injonction à préserver un site préalablement défriché et goujonné pour qu’il soit compatible avec la pratique d’un sport motorisé en dehors des sentiers battus.