© Thierry Jeandel

Cette année on prépare l’hiver en démontant des remontées mécaniques ?

L’année 2022 a été riche en démontages d’anciennes remontées mécaniques, portés par Mountain Wilderness et d’autres acteurs. Entre le faible enneigement de l’hiver, la sécheresse et les températures historiques de l’été, l’année 2022 a-t-elle changé des consciences dans le sens des transitions à engager pour le tourisme hivernal en montagne ?

3 min de lecture
Installations Obsolètes

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 13 déc. 2022

Démantèlement d'Installations Obsolètes à St-Firmin | Hautes-Alpes

Depuis 2001, Mountain Wilderness démontre qu’il est possible de s’atteler au problème des aménagements abandonnés en montagne, en réalisant des opérations de démantèlement à l’aide de bénévoles. Nous nous réjouissons que plusieurs démontages d’Installations Obsolètes d’origine touristiques aient été réalisés cette année à l’initiative d’autres acteurs.

Ces démontages permettent – au-delà de supprimer des dangers potentiels et des sources de pollutions – d’ôter des verrues paysagères des espaces naturels de montagne. Cette dynamique est le contre-pied des projets d’aménagements déraisonnables qui foisonnent cette année…

Du côté de Mountain Wilderness, près de 10 opérations de démontages ont déjà été réalisées sur des remontées mécaniques, dont par exemple le récent démantèlement du téléski du col des vachers à St-Firmin (Hautes-Alpes) avec l’aide de la commune.

Démantèlement des remontées inutilisées à Aiguilles et Thorens-Glières | Hautes-Alpes & Haute-Savoie

C’est le cas de la commune d’Aiguilles (Hautes-Alpes) qui a démonté la majorité de ses remontées inutilisées. Les 3 téléskis de la Lauze ont été démontés cet automne : le vallon de Pesynin redevient ainsi plus sauvage, ce qui fera le bonheur de la faune, mais aussi des contemplateurs et des randonneurs été comme hiver. Il reste 6 pylônes à démonter, appartenant à la partie supérieure de l’historique téléski du Chabataron.

Domaines skiables de France, le syndicat des gestionnaires de remontées mécaniques, a aussi tenu son engagement d’organiser un démontage cette année, avec le démantèlement des 6 pylônes du téléski des Terreaux à Thorens-Glières, dans le massif des Bornes (Haute-Savoie). Suite au démontage l’année passée d’un autre téléski, nous espérons que les futures opérations seront plus ambitieuses et en phase avec les moyens du syndicat (plus importants que ceux d’une association...).

Des opérations locales dans toute la France : démantèlements dans le Doubs et dans le Haut-Rhin

  • Avant l’été, les 2 téléskis de la station de l’Arcan dans le Doubs ont été démontés.
  • Du côté des Vosges cet automne, une opération de démantèlement de 3 téléskis a eu lieu sur la partie supérieure de la station du Frenz (Haut-Rhin). Le projet est porté par la communauté de communes de la vallée de Saint-Amarin, et financé en grande partie par le plan Avenir montagne.

Espérons que ces opérations permettent d’initier une dynamique nouvelle. En effet, de très nombreuses remontées mécaniques à l’abandon ont été recensées sur le site web installationsobsoletes.org : une centaine de remontées réparties sur 56 sites !

Et des opérations très symboliques de démontage, pour engager ensemble la transition du tourisme peuvent être initiées : site de Céüze (05), d’Err-Puigmal (66), du col de Porte (38), du col de l’Arzelier (38), des Hautes-Navières (88), de la Jasserie du Mont Pilat (42), de Rochejean (25) ou encore de Valdrome (26) pour ne citer que quelques exemples.

Loi Montagne II : obligation de démantèlement des remontées mécaniques

Le démontage de remontées obsolètes est devenu obligatoire par la loi Montagne II de 2016. Un amendement porté par Mountain Wilderness a introduit le conditionnement de toute nouvelle construction de remontée mécanique à son démontage en fin d’utilisation.

La loi n’étant pas rétroactive, seules les remontées construites après 2016 sont concernées, et au vu de la durée de vie de ce type d’installations, il n’est donc pas encore possible de tirer un quelconque bilan. De plus, certaines questions perdurent car elles ne sont pas comprises dans la loi, par exemple :

  • Quel est le niveau attendu pour la remise en état du site ?
  • Qui est in fine responsable du démontage : l’exploitant ou le propriétaire des terrains ?
  • Quelle coercition si l’obligation de démontage n’est pas respectée ?

L’esprit de la loi est tout de même là : tout aménagement doit être conçu pour être réversible. Mountain Wilderness milite pour que la législation puisse aller plus loin pour permettre le démantèlement des remontées mécaniques qui sont abandonnées ou qui pourront l’être dans les prochaines années avec les effets du réchauffement climatique et des mutations socio-économiques du tourisme au XXIe siècle.

De même, nous souhaitons que ces obligations de démontage et de réversibilité des constructions puissent concerner tous les aménagements. En effet, les remontées mécaniques ne sont pas les seules installations obsolètes dans les espaces naturels de montagne, ces dernières sont diverses et nombreuses : par exemple les installations militaires (barbelés, monte-charges, …), agricoles (câbles de débardage, clôtures,…), ou encore industrielles (bâtiments miniers, câbles,…) fournissent elles-aussi leur lot d’aménagements à l’abandon. Nous estimons leur nombre à 3000 dans tous les massifs de France.

Alors, à quand une prise en main de cette vaste problématique par les instances politiques ?

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