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Du nouveau sur la voie « anormale » du mont Blanc !

Cela fait des années que le Mont-Blanc en voit de toutes les couleurs mais cette fois, l'Etat s'engage pour sa protection en lançant la procédure « APHN », arrêté de protection des habitats naturels. La discussion s'engage pour la protection transfrontalière de ce sommet.

5 min de lecture
Haute-Savoie
Espaces protégés

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 01 juil. 2020

Il y a urgence ! Préservons le Mont-Blanc

Atterrissage d’un avion suisse, abandon d’un rameur par un militaire britannique, tentative d’ascension avec son chien ou ses gamins en bas âge, séance de tir au but par une star du foot, cela fait des années que « parce qu’il est le pus haut » —et qu’il n’est pas si difficile d’accès que cela―, le mont Blanc en voit de toutes les couleurs ! À ça s’ajoute une fréquentation importante, au moins ponctuellement, qui peut conduire à des batailles rangées au refuge du Goûter…

Des arrêtés ponctuels pour gérer la fréquentation sont pris depuis quelques étés par le préfet de Haute-Savoie. Mais depuis la visite du président Macron dans le massif en début d’année, les choses s’accélèrent : il faut arrêter ces dérives.
L’État a ainsi lancé une procédure « APHN » sur les voies d’accès françaises au sommet. « APHN » pour « arrêté de protection des habitats naturels », le nouvel outil offert aux préfets par la Loi Biodiversité et son décret de décembre 2018 « relatif à la protection des biotopes et des habitats naturels », qui permet la protection des biotopes n’abritant pas d’espèces protégées.

Une protection du biotope pour gérer la fréquentation ? On aura vu des outils plus adaptés !
Quoi qu’il en soit, il faut faire vite, c’est donc celui-là qui sera appliqué. Le préfet a engagé une large procédure de concertation, d’abord avec les communes concernées, puis le 15 juin lors d’une réunion en préfecture avec la plupart des partes prenantes. Nous y avons participé et pu faire part de nos observations (en complément des premiers éléments fournis à ce sujet avant a visite présidentielle, lors d’une réunion au Cabinet de la Secrétaire d’État en charge de ce dossier). Le Préfet nous a demandé une note les résumant ; vous la trouverez ici : l'APHN du Mont-Blanc – Note pour le préfet de Haute-Savoie

Une protection transfrontalière pour l'avenir du Mont-Blanc face à l’afflux touristique

En résumé : nous considérons cette nouvelle protection comme un premier pas dans la mise en place d’une gestion globale du massif du Mont-Blanc, construite avec l’ensemble des partenaires (et donc transfrontalière). Nous demandons également la plus grande des cohérences entre l’objet de cet APHN (protéger le mont Blanc des hordes de touristes !) et la gestion globale du site classé : est-il logique d’envisager la réouverture de l’ancien refuge du Goûter pour augmenter la capacité de couchage sur la voie normale quand on veut limiter la fréquentation ? Et de prolonger la ligne du Train du Mont-Blanc, facilitant ainsi l’accès, quand on veut voir baisser le nombre de visiteurs ?
C’est cette position que nous avons défendue devant la Commission départementale des sites et lors de la Commission permanente du Comité de Massif des Alpes qui ont traité de ce projet d’APHN. C’est ce que nous dirons avec nos partenaires associatifs lors de la consultation du public qui s’ouvrira fin août/début septembre.

Mais on peut déjà noter un effet bénéfique : les échanges autour de ce projet d’arrêté ont fait ressurgir la nécessité de gérer le massif et de s’attaquer à des sujets que nous soulevons de longue date. Ainsi, une réflexion qui s’engagera à l’automne devrait conduire à la mise en place d’une réglementation de l’espace aérien du massif concernant tous les usages. Le retour du silence dans le Mont-Blanc ? Nous contribuerons à la hauteur de nos moyens à atteindre ce but !

Les voix engagées de cette audience pour la défense de la Mer de Glace en Europe

  • Marine Yzquierdo, a tenu le rôle de l’avocate représentant les intérêts de la Mer de Glace, « Ce tribunal est l’occasion de mettre en lumière le rôle crucial des glaciers par rapport au dérèglement climatique, et s’inscrit dans le plaidoyer de Notre Affaire à Tous pour la justice climatique et la reconnaissance des droits de la Nature. La Mer de Glace est en train de disparaître, ses droits à exister, se maintenir et régénérer ses cycles vitaux doivent être reconnus. » ;
  • Fiona Mille, administratrice de Mountain Wilderness  : « Les montagnes jouent un rôle stratégique dans la gestion de l’eau. Comparables à de grands châteaux d’eau, elles stockent cette ressource vitale dans leurs glaciers et manteaux neigeux pour ensuite approvisionner nos vallées. L’eau est source de vie et nous devons agir pour préserver et régénérer les écosystèmes aquatiques de montagne. » ;
  • Natalia Greene, co-secrétariat du Tribunal européen pour les droits des écosystèmes aquatiques« après avoir organisé 5 Tribunaux Internationaux des droits de la Nature, celui-ci est particulièrement important en raison de l’exposition des cas et de l’intérêt pour les droits de la nature en Europe, afin que la nature puisse avoir une voix et une plateforme pour démontrer comment traiter la nature comme un sujet de droits. ».

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