La présence de ces articles dans la nouvelle loi Montagne résulte d’amendements qui ont été directement suggérés à certains parlementaires par les associations de protection de la montagne. Sur le sujet particulier des remontées mécaniques obsolètes, notre association est en pointe par rapport à ses partenaires : on peut ainsi se féliciter de cet « amendement Mountain Wilderness » !
Depuis le lancement de la campagne « installations obsolètes » en 2001 nous demandons que le démontage de ces aménagements abandonnés soit rendu obligatoire ; a minima que l’article 12 du protocole « Tourisme » de la Convention Alpine (signée par la France depuis 1991 !) soit enfin transcrit en droit opposable français : « Les nouvelles autorisations d'exploitation de remontées mécaniques ainsi que les concessions seront assujetties au démontage et à l'enlèvement des remontées mécaniques hors d'usage et à la re-naturalisation des surfaces inutilisées avec en priorité des espèces végétales d'origine locale. »
C’est plus ou moins cela que nous avons obtenu.
La loi ne concerne que les remontées mécaniques et ne crée pas d’obligation de démontage pour les aménagements déjà abandonnés : ce n’est donc pas la fin des « installations obsolètes », ni celle de notre campagne. Par contre c’est une étape importante : elle ouvre de nouveaux champs d’actions possibles, nécessaires, pour notre association.
L’entrée des installations obsolètes dans la loi entérine la prise de conscience que le démontage des aménagements abandonnés doit être une composante des politiques publiques concernant l’aménagement de la montagne. A l’avenir nous devrons nous efforcer de faire valoir l’esprit de la loi. Elle nous donne un argument supplémentaire pour convaincre les responsables (collectivité locales et autres institutions gestionnaires d’espaces naturels de montagne) de procéder au démontage des installations obsolètes existantes, même si elles ne sont pas soumises à l’obligation légale de démontage.
Par ailleurs, nous devrons être vigilants sur les garanties de démontage qui seront contractualisées lors des prochaines autorisations de construction de remontées mécaniques. Obligés de prendre en compte dès la construction la réversibilité des aménagements, les constructeurs de remontées mécaniques s’orienteront-ils vers des installations présentant un impact réduit sur l’environnement ?
Ces quelques réflexions illustrent bien que démonter une installation obsolète ce n’est pas juste « nettoyer » la montagne, c’est mettre en pratique un aménagement réellement « durable » : où les espaces naturels ne sont pas une ressource jetable, où le présent ne condamne pas l’avenir.