© Mathis Dumas

La prairie sommitale du mont Aiguille menacée par le bivouac

La montagne est depuis longtemps pour les êtres humains, un espace d’inspiration, d’accomplissement et de dépassement de soi. S’agissant de sommets emblématiques, ces sentiments sont magnifiés. Nous ne devons cependant pas oublier que nous ne sommes pas les seuls êtres vivants à bénéficier de tels environnements. Ces espaces sont avant tout des lieux de vie pour des espèces animales et végétales soumises à des contraintes particulièrement rudes imposées par la situation géographique et les conditions climatiques spécifiques.

5 min de lecture
Vercors
Espaces protégés

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 18 mars 2022

Le Mont-Aiguille est un milieu très sensible dans les Hauts-Plateaux du Vercors

Isolé des Hauts-Plateaux du Vercors d’un point de vue géologique, le mont Aiguille en est le parfait exemple. Ses parois et sa pelouse calcaire alpine constituent des milieux aux conditions de vie extrêmes. Les espèces sauvages qui parviennent à survivre à ces conditions, sont évidemment très sensibles aux perturbations dont les impacts sont bien souvent irréversibles. En outre, l’isolement géologique de cette montagne la rend comparable à un contexte insulaire. Dans de tels environnements, la disparition d’espèces ne peut être compensée par l’arrivée naturelle de nouveaux individus utilisant les corridors existants.

Dans le Vercors, le bivouac est l'origine de la dégradation de la prairie sommitale.

Depuis 2014, cette prairie fait l’objet de dégradations multiples qui s’intensifient. Au nombre de ces dégradations constatées figurent en particulier : un pin à crochet coupé, des traces de feux, des murets de pierre artificiels mis en place pour abriter les bivouacs, des déchets multiples (papier toilettes, produits d’hygiène…). Ceci concoure à transformer durablement, voire irrémédiablement ce milieu naturel préservé jusqu’alors.
Une étude de fréquentation conduite en 2018 fait état de « pics » allant jusqu’à 200 personnes certains jours de juin et septembre. Le 12 juin 2021, 50 tentes ont été dénombrées sur la prairie sommitale.
Les communes de Chichilianne, Saint-Michel les Portes et Saint-Martin de Clelles, ainsi que le Parc naturel régional du Vercors, gestionnaire de la Réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors sont soucieux de ne pas laisser les milieux naturels se dégrader irrémédiablement.

Chichilianne interdit le bivouac au sommet du Mont-Aiguille

C’est pourquoi la règlementation temporaire est envisagée.
Il s’agit d’une décision réfléchie qui traduit le souci et l’engagement de transmettre aux générations futures un patrimoine aussi préservé que possible. Tous responsables, nous devons répondre de la conservation de la biodiversité présente sur ce sommet afin qu’elle continue à nous éblouir à chaque ascension.
Dans ce contexte, la commune de Chichilianne prend un arrêté d’interdiction du bivouac sur toute la prairie sommitale du Mont-Aiguille au motif de préservation de la biodiversité. Cet arrêté municipal prend effet en janvier 2022. Les communes de Saint-Michel les Portes et Saint-Martin de Clelles et le Parc naturel régional du Vercors adoptent la présente motion pour témoigner de leur soutien à la commune de Chichilianne et s’associer à cette démarche.

L’ensemble des acteurs de cette décision souhaitent accompagner cette démarche d’actions de sensibilisation et de communication, en espérant pouvoir lever cette interdiction dans le futur. Des études scientifiques doivent se poursuivre afin d’évaluer l’état de conservation et de suivre les évolutions des milieux naturels et des espèces.

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