Loin d’être une absence totale de bruit, le silence est une absence de bruit parasite et agressif dans un lieu calme. Autour de nous, le bruit est partout et peu à peu nous nous y sommes habitués, contraints et forcés. Nous vivons, pour beaucoup, dans des lieux trop bruyants, sur-éclairés, où nous sommes sur-sollicités. Et ça n’est pas sans conséquences ! Cela engendre beaucoup d’effets néfastes sur notre santé : stress, troubles de la concentration et du sommeil, agressivité ; mais occasionne aussi des troubles pour la nature. Les animaux voient leur rythme biologique troublé, leurs habitats perturbés voire détruits, ils ne peuvent parfois même plus communiquer. Contraints de modifier leur façon de vivre, ils vont parfois jusqu’à disparaître faute d’arriver à s’adapter. Cela engendre alors des conséquences sur tout le vivant, avec parfois un impact direct pour nous, par la transmission facilitée d’agents pathogènes entre espèces par exemple, tant les lieux de vie se rapprochent et se fondent.
Délocaliser, importer à outrance, assourdir le monde entier par les transports ne fait que déséquilibrer les économies locales et tout le monde vivant.
Dans ce vacarme constant, nous sommes tendus, moins productifs et cherchons à fuir ; mais souvent paradoxalement dans le bruit : musique, tv, loisirs motorisés…
Écrasés sous ce bruit incessant, avons-nous peur du silence ? Pourtant, ce vacarme nous use…
Nous essayons de nous extraire de ce vacarme tout en faisant hurler les moteurs. Fuir les villes pour trouver un peu de quiétude, mais sans surtout changer notre façon d’appréhender notre environnement. Y aller vite, efficacement. Chercher les sensations fortes et la vitesse. Nous tentons de fuir notre cadre de vie néfaste pour nous tourner vers les lieux les plus sauvages, comme la montagne…
Vertigineuse, impressionnante, longtemps tabou et crainte, elle semble être le lieu privilégié pour se ressourcer et profiter d’un calme retrouvé et apaisant. Pourtant, nous vivons là-haut comme dans les villes et vallées et nous en perdons tous les bénéfices. Si c’est pour retrouver la même uniformisation et le même vacarme que partout, à quoi bon y aller ? Pour briller sur les réseaux sociaux ?
La nature, la montagne ne sont alors qu’une ressource à exploiter. Certains pensent qu’il faut en tirer le plus grand profit, l’aménager à outrance pour la revendre artificialisée à des malheureux en quête de silence et de grands espaces sauvages. Est-ce bien sérieux ?
Les promoteurs redoublent d’inventivité pour proposer de l’exceptionnel, de l’inédit, de l’unique : vol panoramique, randonnées en véhicules motorisés de tous genres, concerts gigantesques en altitude, nuit en dameuse sur les pistes… Mais toujours avec les codes de la consommation, de la culture de masse subtile comme le bulldozer ; sans respect ni prise en compte de la valeur et des qualités des lieux où ça se passe, ni de ses habitants. Se détendre, vite, faire le plein d’adrénaline et surtout sans trop d’efforts. Au final, comme ce qu’on fuit… Pour en tirer quoi ?
Et quand ça s’arrête brutalement, on se retrouve penauds, livrés à nous-même. Alors on continue un peu à s’agiter, puis on se calme, on écoute… Et on s’habitue à ce calme. Un bruit de moteur nous agresse tant nous nous en étions rapidement déshabitués. Quand nous le pouvons, nous arrêter et regarder autour de nous ; se rendre compte que ça nous fait du bien !