Forum Vies Mobiles : le nouveau rapport pour modéliser un système alternatif à la voiture

L’idée de cette étude est de partir du besoin des utilisateurs concernant leur mobilité et les résultats obtenus cassent certains préjugés.

Il en ressort qu’il n’y a pas de différence fondamentale de besoin entre les différents milieux de vie :

• Urbain, péri-urbain, rural, les gens considèrent que leurs besoins de déplacements portent sur 30 km et/ou 30 minutes.
• Les déplacements contraints ne sont pas suffisamment fluides (embouteillage en voiture, offre de transports en commun pas assez qualitative...).
• Alors que la voiture est très largement utilisée pour les déplacements, seuls 12% des sondés sont satisfaits de la voiture pour répondre à leurs besoins de déplacement. Les sondés sont attachés à une mobilité fluide, pas forcément à la voiture.

Les politiques actuelles de mobilités souffrent de travers :

• 30% des personnes en âge de le faire ne conduisent pas : Les laissés-pour-compte de la voiture (faute de moyens financiers, de permis, inaptitude à conduire…) subissent des inégalités sociales causées par un système qui privilégie l’investissement vers la voiture.
• Les initiatives politiques locales à visée écologique peuvent apporter des solutions, mais ces solutions restent locales et ne permettent pas une continuité au-delà.

Le rapport conclut qu'il faudrait viser un système alternatif à la voiture complet, cohérent et continu, économe en ressources, qui garantisse la « sécurité mobilité » à tous.

Une autre étude du Forum Vies Mobiles avait montré que la voiture coûte à notre société française 300 milliards d’euros par an. Soit 10% du PIB (frais directs – véhicules, carburants, infrastructures – routes, stationnement et externalités – accidents, pollution). La question est donc de savoir : Combien coûterait un système alternatif qui permettrait de s’affranchir de la voiture ? 

Le système alternatif doit répondre à trois exigences :

• Être une « assurance mobilité » : permettre à tous sans exclusion d’être autonome dans sa mobilité.
• Faire système : il ne doit pas y avoir des solutions spécifiques selon les milieux (urbain, péri-urbain, rural) ou les modes (trains, bus, vélo, marche). Il faut un système unique : toute discontinuité entre les milieux et les modes est motif à utilisation de la voiture pour s’en affranchir.
• Partir de l’existant pour limiter l’impact sur les ressources et permettre des mises en œuvre rapides (typologie de l’habitat, infrastructures et technologies)

Pour modéliser le système alternatif, un travail de projection a été fait sur quelques départements (Creuse, Hautes-Alpes, Mayenne, Loiret, Meurthe et Moselle, Ile et Vilaine, Gironde). Le projet s’appuie sur :

• Le recadencement des liaisons ferroviaires existantes.
• Dans certains cas, la création de lignes de tram-train.
• Un maillage dense de bus (diamètre de maille 15 km) à service 24/24 cadencé (toutes les ½ heures en journée, toutes les heures la nuit).
• Un maillage cyclable très fin, exploitant les petites routes et chemins vicinaux et quelques axes rapides le long des départementales, continuité entre les centres villes et les extérieurs.
• Une intermodalité systématique : tarifs harmonisés, un seul guichet de paiement, …

Sur la base de ces projections le coût global du système alternatif a été évalué à 60 milliards d’euros soit 5 fois moins que le coût de la voiture. Il s’agit donc d’un projet :

• Replaçant la voiture généralement considéré comme non satisfaisante pour les besoins de mobilité ;
• Apportant la « sécurité mobilité » ;
• Inclusif ;
• Économe en ressources ;
• D’un coût abordable.

Le grand intérêt de cette étude est de mettre en avant l'intérêt de faire système entre toutes les solutions de transport décarbonées. Cette étude résonne grandement avec les difficultés que l'on rencontre quand on veut Changer d'Approche : le côté aléatoire des dessertes, des horaires, les intermodalités laborieuses… 

L’aspect « systémique » d’une politique de mobilité est donc le prérequis à toute tentative de détacher les citoyens de la voiture, notamment en termes d’intermodalités. Pour un exemple concret concernant les montagnes, parmi les 7 départements qui ont été imaginés dans cette étude, figure les Hautes Alpes.