Nuisances sonores illégales à l’Alpe d’Huez : Mountain Wilderness et FNE Isère saisissent la justice contre Tomorrowland Winter

Le festival Tomorrowland est un événement de grande ampleur, dont les retombées économiques mises en avant par les organisateurs et les collectivités laissent peu de place à une prise en compte globale des impacts environnementaux et sanitaires de l’événement.Tout est bon pour attirer la clientèle. Toujours plus d’aménagements pour donner à la station des allures de parc d'attractions ; et ce, souvent au mépris du respect de la réglementation.
Ainsi, en septembre 2024, la commune a procédé à un agrandissement du terrain de football de plus de 1 500 m² afin d’accueillir la scène principale du festival. Ces travaux, dont la légalité demeure à ce jour incertaine, ont représenté un coût d’environ 600 000 euros d’argent public.

Cet événement est également source de nombreuses pollutions. Le transport des festivaliers représente à lui seul plus des trois quarts (77 %) du bilan carbone, et pour cause : parmi les 22 000 participants, près de la moitié viennent de l'étranger. Si certains parviennent à se rendre à Huez en autobus, l'avion est largement mis en avant par les organisateurs du festival qui proposent des "Flight Packages" au départ d'Amsterdam, Bruxelles ou Barcelone, avec tout ce que cela a d'indécent alors que les habitant·es de l'Oisans ont commémoré cet été les 3 ans de la disparition du glacier de Sarenne.

En plus de ce bilan carbone désastreux, le festival est également une source importante de pollution lumineuse et de pollution sonore.

Dès 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) a constaté des infractions caractérisées à la réglementation relative aux nuisances sonores, de jour comme de nuit. Les émergences mesurées excèdent les seuils autorisés, y compris avant la mise en service de la scène principale. En 2025, Mountain Wilderness, Stop Tomorrowland Alpe d'Huez, Actionnaires pour le Climat et France Nature Environnement Isère ont fait appel à un bureau d'étude spécialisé en acoustique pour réaliser des mesures. Le constat a été sans appel : de jour comme de nuit, dans les appartements riverains comme dans la rue, les mesures ont confirmé l’émission de bruits amplifiés dont le volume dépassait largement (x6) les limites réglementaires, objectivant par là même le ressenti d'un certain nombre d'habitant·es.

Dans le cadre d'une action contentieuse auprès du Tribunal administratif de Grenoble, le juge des référés n’a pu que constater que les bruits générés par le déroulement du festival excèdaient les valeurs limites. À cette même occasion, l’organisateur et le maire de l’Alpe d’Huez ont également reconnu la non-conformité du festival au regard des normes sanitaires et environnementales.

Face à la répétition des infractions constatées, à l’atteinte durable à la qualité de vie des habitant·es et aux impacts environnementaux majeurs de l’événement, Mountain Wilderness et France Nature Environnement Isère estiment qu’il n’est plus possible de fermer les yeux. La plainte déposée vise à rappeler que les manifestations festives, aussi médiatisées soient-elles, doivent respecter le droit et la santé publique, en particulier en territoire de montagne.