Aménagement abandonnés Sarajevo Winter Olympics 1984 © Michael Kötter CC BY NC SA 2.0

Jeux asiatiques d’hiver 2029 : en France aussi, prenons nos responsabilités

Le Conseil olympique d’Asie (OCA) a annoncé la tenue des Jeux asiatiques d’hiver 2029 en Arabie Saoudite. Mountain Wilderness abonde dans le sens des nombreuses indignations qui rappellent le besoin urgent de changement de paradigme. Alors que tous les voyants de notre planète sont au rouge, nous voici face à une aberration écologique de plus. Faut-il rappeler que programmer des jeux d’hiver dans un pays où le climat est désertique est un non sens ? Quels aménagements seront nécessaires pour contraindre l’environnement à accueillir ce divertissement ? Il est urgent d’arrêter les pratiques déraisonnables.

5 min de lecture
Espaces protégés
Aménagement

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 11 oct. 2023

L'impact des événements sportifs sur nos montagnes

Les grandes compétitions sportives internationales nous questionnent toujours davantage. Allant à l’encontre des limites de notre planète, ces rassemblements induisent d’énormes impacts environnementaux et sociaux. Combien de temps encore, les espaces naturels et les écosystèmes qu’ils abritent devront-ils subir nos activités de loisirs ? Les montagnes sont parmi les derniers espaces sauvages de la planète. Il est fondamental de protéger ces territoires afin qu’ils restent des espaces de respiration, pour aujourd’hui et on l’espère, pour demain. Mountain Wilderness est solidaire des populations qui vont être lourdement impactées par l’organisation de ces nouveaux jeux d’hiver.

Réactions en France : un besoin de cohérence indispensable

En réponse à l’annonce de ces JO d’hiver 2029, quatre des principaux acteurs de l’aménagement de la montagne, l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM), Domaine skiable de France (DSF), la Fédération française de ski (FFS) et le Syndicat national des moniteurs du ski français (SNMSF), ont cosigné une tribune. Une réaction salutaire, mais qui interroge. En France, les projets immobiliers en montagne, les bassins de rétention, les grands projets d’aménagement en cours, largement poussés par ces mêmes acteurs, continuent toujours d’accroître le degré d’artificialisation de nos massifs, déjà très élevé. N’est-ce pas le même rapport au monde qui sous-tend d’un côté le projet Neom et de l’autre les politiques d’aménagement de nos massifs ? Une vision basée sur l’expropriation, la destruction de la nature et la bétonisation d’espaces naturels encore vierges.

Faire tomber la neige à tout prix

« Pour faire du ski, il faut de la neige, alors faisons de la neige ! » Cette phrase prononcée par Gilles Chabert, Conseiller spécial délégué à la montagne de Laurent Wauquiez, lors du tout dernier congrès de DSF, illustre tristement l’absence totale de prise en compte des équilibres naturels. Dans le principe, il n’y a aucune différence entre le fait de fabriquer de la neige artificielle en Arabie Saoudite ou dans les Alpes. Ce procédé consiste toujours, par des moyens coûteux en énergie et en eau, à mettre en œuvre de lourdes infrastructures, pour mettre de la neige là où la nature n’est pas (n’est plus) en mesure de le faire. La perturbation historique des cycles physiques du système Terre nous invite au contraire à revenir à un sol concret, à se reconnecter avec le vivant et se libérer de la grande séparation cartésienne nature/culture, qui marchandise notre rapport au monde.

Il y a urgence à changer de paradigme

L’heure n’est plus aux ajustements ou autres éco-engagements. Il est grand temps que les acteurs de la montagne prennent leurs responsabilités à bras le corps. L’enjeu n’est pas seulement d’essayer de sauver un business par des promesses de lendemains décarbonés, mais bien de réfléchir à des reconversions désirables.

Mountain Wilderness appelle solennellement à la mise en œuvre d’un moratoire sur de nouveaux aménagements en montagne. Cela concerne notamment les retenues collinaires, les nouvelles remontées mécaniques, les liaisons interstations et les nouvelles constructions contribuant à accroître encore l’artificialisation des sols. En France aussi ayons le courage de regarder la réalité en face et l’ambition d’être exemplaire pour accompagner le changement de pratiques.
Renouvelons encore le désir partagé par l’ensemble des acteurs parties-prenantes des États Généraux de la transition du tourisme en montagne : imaginer ensemble l’avenir de la montagne pour qu’elle demeure une terre d’envies et une montagne à vivre.

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