Si nous reconnaissons que ces travaux, effectivement
déclarés en préfecture et autorisés par les services de l’État, se sont
inscrits dans le parcours administratif légal, on ne peut que regretter
la discrétion qui a entouré cette opération d’importance.
En effet, cet aménagement concerne le bien commun qu’est l’eau, qui dans ces moments de bouleversement climatique devient rare et mérite une attention particulière, d’autant que son partage équitable s’impose.
Ce bassin a été considérablement agrandi mais l’arrêté préfectoral réglementant son remplissage reste inchangé : il est donc hors de question que l’augmentation de volume de la bassine conduise à des prélèvements supplémentaires.
Nous avons donc écrit à Monsieur le Préfet pour lui demander que ses
services soient particulièrement vigilants et contrôlent le respect du
volume maximum que la station de Montgenèvre est autorisée à prélever
pour la production de neige artificielle et du débit réservé de la Doire
qui alimente cette retenue.
D’une manière plus générale, nous demandons l’arrêt de la fuite en avant des stations par la course à l’équipement de production de neige artificielle.
Nous rappelons l’étude récente de chercheurs européens1 qui montre que le réchauffement climatique va induire un risque très élevé de pénurie de neige pour toutes les stations européennes et que la neige artificielle ne sera pas une solution miracle, qu’au contraire, elle les inscrit dans de véritables « sentiers de dépendance ».
En effet, il faut de l’eau et de l’énergie pour la produire, eau qui
va devenir de plus en plus rare et ne pourra pas être accaparée pour les
loisirs de quelques privilégiés. L’électricité sera de plus en plus
chère2,
ce qui nécessitera une augmentation des forfaits et mettra à mal le
modèle économique de nombreuses stations. Et bien entendu, les investissements faits le sont pour des décennies et ne peuvent être consacrés à la nécessaire transition du modèle économique.
À ce propos, nous dénonçons le lobbying intense de certains élus de montagne tendant à obtenir un bouclier tarifaire pour les stations de ski alors qu’il a été supprimé pour les particuliers.