Dès 2018, Mountain Wilderness œuvre du côté institutionnel pour contrer ce projet d’unité touristique nouvelle. Nos interventions en Comité de Massif conduisent à ce que le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) du Briançonnais exclue alors la liaison avec les Deux Alpes et « tout aménagement du site skiable ». Le projet de restaurant panoramique au sommet du téléphérique sera lui aussi retoqué, car, comme nous le demandions « La Grave doit garder sa spécificité de site « sauvage » ». Le projet actuel de T3, nouvel aménagement significatif, reste cependant inscrit au SCoT comme « Unité touristique nouvelle structurante ». Il traversera le glacier de la Girose en diagonale, un nouveau parcours par rapport à celui de l’ancien téléski, et exigera la construction d’une nouvelle gare de départ et surtout d’une gare d’arrivée et d’un pylône de 27 mètres de haut implantés dans un site vierge, accueillant une biodiversité rare et fragile.
Nos inquiétudes à cette époque sont importantes ; elles nous amènent à rencontrer à plusieurs reprises l’ancien maire de La Grave pour obtenir des garanties quant au maintien de ce qui fait l’esprit de La Grave, un site très spécial, où certes, le ski se pratique, mais sans les habituels aménagements très lourds des domaines skiables. Les élus nous donnent des garanties, tout en déléguant la gestion de la station à la SATA, l’opérateur de l’Alpe d’Huez et des Deux Alpes, et lancent le projet du T3 avec le but avoué d’en faire « un site comparable à l’Aiguille du Midi à Chamonix ou au Pic du Midi dans les Pyrénées ». La gestion unique des stations conduira même un temps à la mise en place d’un « produit héliski » entre l’Alpe d’Huez et La Grave, une pratique illégale qui sera abandonnée après nos dénonciations auprès des médias et des services de l’État. Mais on voit bien le peu de cas fait par les nouveaux gestionnaires de « l’esprit des lieux ».
La Grave et le glacier de la Girose méritent largement mieux que d’être transformés en une banale piste surplombée de câbles. Nous pensons que la vocation du site du col des Ruillans, actuelle arrivée du téléphérique à 3200m, serait de devenir une belle porte d’entrée dans un domaine de haute montagne, au caractère exceptionnel, en contact direct avec un des derniers grand glaciers des Alpes du sud. Et non être transformée en banale station intermédiaire d’une méga station de ski…
En 2021, le collectif La Grave Autrement lance une collecte participative pour financer l’étude d’un projet de développement alternatif. Il faudra attendre septembre 2022 pour qu’elle livre ses premières conclusions, démontrant la fragilité économique du projet. Ainsi, le T3 ne sera rentable que s’il s’accompagne de projets immobiliers qui artificialiseront encore d’avantage le territoire et feront augmenter le prix des logements au détriment des populations locales.