Station de Risoul (05)
Station de Risoul (05) © CC BY-NC-SA 4.0

Victoire pour la transparence environnementale à Risoul

Le tribunal administratif de Marseille a tranché en faveur de Mountain Wilderness et de ses partenaires dans leur recours contre la commune de Risoul. Par un jugement rendu le 12 juin, la justice a annulé la décision du maire refusant de transmettre un rapport sur la ressource en eau, dans le contexte du projet d’urbanisation du « Hameau des Grands Bois », un volet du programme global d’aménagement baptisé Risoul 2000.

4 min de lecture
Hautes-Alpes
Aménagement

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 18 juin 2025

Ce rapport, réalisé en 2023 par Hydrétudes, évalue les impacts hydriques de l’UTN de 2 500 lits prévue sur 8 à 8,7 ha de forêt replantée depuis les années 1960–70, connue sous le nom de « forêt blanche », en compensation d'aménagements lourds réalisés dans la station. Depuis une soixantaine d'années, cette forêt est devenue un ilot de biodiversité. Malgré des demandes répétées, la mairie a rejeté la communication du document en avançant qu’il était « non achevé ». Le tribunal a rejeté cet argument, rappelant que tout document administratif finalisé doit être communiqué s’il ne contient pas d’informations protégées.

Une décision qui marque un tournant

Ce jugement réaffirme que l’accès à l’information environnementale est un droit, pas un luxe. Il impose à la mairie de Risoul de publier le rapport dans les 30 jours, sous peine d’une astreinte quotidienne, et la condamne à verser 2 000 € de dommages aux associations. Il rappelle que la protection de l’eau, de la biodiversité et des espaces naturels n’est pas négociable, et que l’opacité ne peut masquer des projets écologiquement sensibles.

Risoul 2000 : un projet démesuré, contraire aux enjeux écologiques

Le dossier s’inscrit dans la logique plus vaste du programme Risoul 2000, qui prévoit la construction de résidences, hôtels et infrastructures (parking de 770 places, piscines, route goudronnée) dans une zone en forte pente. Le tout, malgré :

  • 80 % de « lits froids » existants à Risoul (logements rarement occupés, moins de 4 semaines/an) ;
  • Problèmes d’eau potable et assainissement, déjà manifestes et susceptibles d’aggraver la pression hydrique ;
  • Destruction de 8 à 8,7 ha de forêt replantée, supprimant un puits de carbone, détruisant le « poumon vert » de Risoul et menaçant de nombreuses espèces protégées ;
  • Risques géotechniques : chantier en pente, stockage de déblais, glissements probables — déjà illustrés avec la coupure de route en octobre 2023 .

Ce projet a été dénoncé comme écocide par les quatre associations, qui ont déposé depuis 2022 plusieurs recours juridiques (défrichement, construction, aménagement, accès au rapport sur l’eau) dans l’objectif de préserver les milieux naturels et les équilibres locaux.

Une mobilisation forte, un signal juridique fort

Mountain Wilderness, la SAPN FNE 05, la LPO PACA et RAP1850 Risoul association de propriétaires 1850 ont uni leurs efforts pour dénoncer la fuite en avant de Risoul 2000, contraire aux impératifs climatiques et touristiques actuels. Leur action a rassemblé experts, citoyens et médias depuis septembre 2023. Cette victoire judiciaire est le fruit de cette détermination collective.

Et maintenant ?

La commune dispose de 30 jours pour transmettre le rapport Hydrétudes. Ce document permettra d’éclairer le débat public et d’informer les décisions à venir.

Mountain Wilderness et ses partenaires poursuivent leur vigilance juridique et environnementale : recours sur les permis de défricher, de construire, d’aménager sont toujours en cours. Ce jugement envoie un message clair : les projets de grande ampleur en zones sensibles doivent être soumis à une transparence totale.

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